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Alstom place des locomotives en Ukraine

Grâce à un financement du Trésor français, Alstom devrait prochainement vendre au moins 130 locomotives électriques de fret en Ukraine. Une bonne nouvelle pour Belfort, qui va assurer la majorité du travail.

En Ukraine, la « locomotive » des transports ferroviaires n'est pas le TGV comme en France, mais le transport de fret, dont les céréales, le minerai de fer ou le charbon. D'où l'importance de l'accord bilatéral signé jeudi à Kiev par Bruno Le Maire, le ministre français de l'Economie, des Finances et de la Relance, portant sur la fourniture à l'Ukraine de 130 l ocomotives électriques de fret Alstom de la gamme Prima , pour un montant total de 880 millions d'euros.

Ce n'est pas encore un contrat ferme (la signature est attendue au deuxième semestre 2021), mais une promesse très sérieuse, qui donnera du travail pour six ou sept ans à plusieurs sites français. Belfort sécurise ainsi environ 150 emplois chez l'industriel français, après la fin d'autres contrats export pour le Maroc, l'Inde ou la Suisse, plus 600 postes chez ses fournisseurs. Promesse d'autant plus sérieuse que l'Etat français apporte un soutien direct : un prêt du Trésor de 350 millions d'euros et des crédits bancaires garantis par Bpifrance Assurance Export, pour 400 millions d'euros.

L'ex-bloc soviétique

Le sujet des options n'a pas été évoqué dans la communication officielle jeudi, mais le contrat potentiel peut être beaucoup plus élevé à terme, selon nos informations. En ligne de mire : un besoin total déjà estimé en 2019 à 500 locomotives électriques par Alstom, qui faisait face à Siemens et au chinois CRRC, avant que la compétition ne soit décalée par la pandémie.

Après avoir déjà placé ses locomotives en Azerbaïdjan et au Kazakhstan, le groupe d'Henri Poupart-Lafarge continue à pousser ses pions dans la région, profitant des fractures ouvertes au sein de l'ex-bloc soviétique. En Ukraine, le rail assure seulement 26 % du transport annuel de passagers, mais 80 % des déplacements de fret, mesuré en tonnes-kilomètres, avec un parc de 85.000 wagons. Bien que l'écartement des voies « à la russe » (1,52 mètre) le prive de connexions directes avec les voisins européens comme la Roumanie, la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie, le pays dispose d'un réseau long de 23.000 kilomètres, soit le 13e mondial et le 3e en Europe.

Sur ce total néanmoins, la partie principale du réseau ne compte que 19.800 km, dont 9.320 km électrifiés. Au total, les revenus du fret pour l'opérateur local JSC sont sept fois plus importants que ceux du trafic passagers, au vu des chiffres 2019 divulgués dans une présentation pour les investisseurs.

Un premier contrat avec GE

Longtemps, l'entreprise d'Etat Ukrzaliznytsia a vécu dans l'orbite du grand frère russophone, en commandant par exemple, au début de la décennie 2010, pas moins de 433 locomotives électriques de fret au géant russe Transmashholding et à son homologue géorgien. Mais l'invasion de l'Ukraine et le conflit armé du Donbass en 2014 ont complètement changé la donne , détruisant des usines locales de matériel ferroviaire et plaçant notamment Transmashholding sur la liste des entreprises sanctionnées économiquement.

Par la suite Kiev a fait appel à General Electric, qui s'engageait, en 2017, à renouveler le parc de matériel roulant, en commençant par 30 nouvelles locomotives Trident. Mais le nouveau DG des chemins de fer ne voyait pas le besoin de ces modèles diesel, leur préférant la solution électrique.

Protocole en 2018

C'est le moment où Alstom est entré dans la boucle, en vue de décrocher un méga-contrat, qui sera ensuite quelque peu retardé par la crise sanitaire, survenue à la même date en France et en Ukraine. Un premier protocole d'accord entre l'industriel français et les chemins de fer locaux JSC pour la fourniture de locomotives électriques a été conclu dès septembre 2018. Puis, en mars 2020, un appel d'offres était lancé pour un parc total de 205 locomotives.

Cette semaine, Bruno Le Maire a promis à ses interlocuteurs ukrainiens que la part locale du travail atteindrait 35 %, au lieu des 22 % promis au départ. Sans doute de quoi sécuriser une grosse tranche supplémentaire, pour répondre aux souhaits des autorités locales.

Des camions de pompiers made in France

Après la vente d'hélicoptères Airbus et de patrouilleurs maritimes en 2018 et 2019, la France continue à placer ses matériels en Ukraine. Un accord a été conclu pour fournir 370 camions de pompiers au ministère de l'Intérieur de Kiev, livrés par l'entreprise française Desautel. Cette société possède des sites dans l'Ain, la Loire et en Seine-et-Marne. Le montant total de ce contrat est estimé à 300 millions d'euros, dont un prêt du Trésor de 100 millions d'euros et des crédits bancaires garantis. Par ailleurs, deux autres contrats de 70 millions d'euros chacun seront attribués pour des réhabilitations de stations d'eau et de pompage aux deux Consortium Vinci/Razel-Bec/Civipol, et Eiffage/Saint Gobain.

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